D’où-ce que tu r’sous?
Tournée de Quêteux: jour 15
D’où viens-tu? C’est une question que je rencontre une vingtaine de fois par jour ces temps-ci, et elle me fait réaliser un malaise. Bon nombre de personnes ne nomment pas la ville où ils vivent mais plutôt la grande ville la plus près. Montréal et Québec ont le dos large quand arrive le temps de venir de quelque part!
Pratico-pratique, on nomme la référence la plus connue, mais au passage, dans notre soucis d’efficacité, je crois qu’on enterre une partie de nos racines, on perd du sens. C’est si dur, de faire du sens, n’en gaspillons pas! La dignité ne vit pas dans ce compromis. Longtemps au Québec, des Bernadettes et des Ginettes ont étés « la femme de l’autre ». Comme si elles n’existaient qu’à travers leur mari, par procuration. J’aimerais qu’on ne laisse plus de villes être quelque chose comme « une ville derrière Rimouski ».
Le Québec est constitué de centaines de municipalités qui n’ont plus à se situer par rapport aux grands centres. Bien qu’on ait encore des gros morceaux de colonialisme de pris dans la gorge (et dans les pattes), nos municipalités ne sont plus occupées uniquement pour nourrir l’appétit de la capitale. Avec le temps, il c’est développé de la richesse dans tant de lieux. Il s’y est développé du « chez-nous ».
Drôle de constat, à l’international lorsque je dis que je suis « French Canadian », on me répond -Oh, you’re from Qwebec? Je pense qu’on peut bien se permettre de dire, quand on voyage à l’intérieur de notre province, que l’on vient de Longueuil sans nommer Montréal .
Il y a tant de fierté dans les mots « tu viendras visiter ça ». On a des milliers de kilomètres de route qui valent le détour. Des villes qui ne font pas que marquer la distance entre Québec et Montréal. Elles donnent le goût de se voyager.
Parce que d’éviter de nommer son village, c’est aussi en nourrir l’ignorance. On n’a pas à se fabriquer un Québec pour les nuls. Le Haut-Canada et le Bas-canada appartiennent au passé (et un p’tit peu au groupe Alaclair Ensemble) Si mon interlocuteur ne sait pas où est situé Carleton-sur-Mer, il sait me demander plus de détails au besoin.
Au contraire, nommer le territoire, c’est une manière de l’occuper. Une affirmation. En un nom, on dit : Il y a du monde qui vivent là.
Et justement, d’où viens-tu? Plusieurs peinent à répondre, parce qu’ils l’ignorent. Ouin, on tombe dans l’existentiel mon ami! Certains trouvent, me racontent leur parcours, j’adore, d’autres, la ville qui les a vu naître, grandir, ou encore, celle où ils habitent actuellement. D’autres encore, me disent « […]mais la ville où je rêve d’habiter un jour, est une telle ». Je leur souhaite. J’vais vous dire, ça change de parler de météo… Je réalise que voyager, c’est toujours chercher des repères. Déboussoler pour se réajuster le compas.
Et des fois, quand je me demande si je connais vraiment mon Québec, je me risque sur ce site. Juste pour faire sûr que j’apprends ma province davantage que je oublie.
https://www.jeux-geographiques.com/jeux-en-ligne-Jeu-Villes-du-Quebec-_pageid106.html
Un commentaire
Marc-Olivier Bouchard
Bien dit !
Je suis de Baie-Saint-Paul, et je suis fier de dire que je suis de là ( Je peux dire «Ici» maintenant, car je suis de retour au bercail après une escale de 10 ans «en ville»). Même s’il s’agit d’un endroit touristique, souvent les gens de la «Ville» me disent «Je vais à Charlevoix prochainement»… comme si Charlevoix était une ville. «Tu vas où exactement ? Charlevoix, ça fait 150 km»
Route du Fleuve ou Route des Montagnes, pour traverser la région, tu passes à travers au moins 12 villages.
Chaque village a ses beautés et ses secrets cachés. Le charme des petits endroits se situe dans une multitude de choses : les granges de fond rang, les maisons entassées des «vieilles» rues, mais selon moi, le contact avec les «habitants» est ce qui rend aussi intéressante et authentique l’expérience de voyage.
Il y a deux étés, j’ai séjourné quelques jours à Carleton. «Un village parmi tant d’autres en Gaspésie». Notre expérience a été marqué par une succession de rencontres nous menant à notre prochaine activité. Du Naufrageur au bout de la plage écouter un conteur; d’un petit café à une pièce de théâtre au CÉGEP. Ah oui ! J’oubliais le tournage de la Petite séduction avec Katherine Levac, fruit de notre rencontre au café. Au final, notre expérience a été guidé au gré de nos rencontres. Une expérience inoubliable.
Bon. Si tu es de passage à…Baie-Saint-Paul ! Fait-moi signe. Je te trouverai un endroit où loger, et je suis certain que nous pourrions attirer une petit public au bout du quai pour se laisser bercer par le son des vagues, et les mots de tes histoires. Je me souviens de ma soirée sur le bord de la plage à Carleton comme si c’était hier…
Bonne route !