Jour 4: Locmélar

Je me souviens, il y a quelques années, j’avais demandé à Samuel Allo: Toi qui voyage depuis si longtemps et aussi intensément, la maison ne te manque-t-elle jamais? N’as-tu pas besoin de faire une pause du voyage qu’est devenue ta vie, parfois?
Il m’avait répondu d’un long sourire suivit de la phrase: les amis sont cette maison qu’on retrouve partout.

Tout à l’heure, je suis arrivé à Locmélar, où je ferai un spectacle dans un petit bistro tenu par un gars que j’avais rencontré en 2015. Florian. Ceux qui ont entendu parlé du Demi Gaspésien sauront que ce gars était l’étincelle du départ de cette monnaie complémentaire qui a fait couler bien de l’encre et pas seulement au Québec!
Bref, j’avais rencontré Florian en passant peut-être 5h au total avec lui. En venant en Bretagne, j’étais un peu à pied niveau contact alors 5h me semblaient suffisantes pour demander le gîte. Et bien.. en retrouvant Flo, j’ai compris les mots de Samuel. En appercevant cette connaissance, j’pouvais légitimement l’attraper dans mes bras et le serrer chaleureusement, parce qu’il était, en Bretagne, la personne que je connaissais le plus (presque..).
Soudain, tout ce que j’ai au monde, c’est mes liens avec les autres. J’en dépend. Mais ce n’est pas trop peu. Parce qu’au fond… qu’est-ce qu’on n’a jamais d’autre? Demandez aux p’tits vieux dans leurs foyers, s’ils n’échangeraient pas volontiers un peu de la santé qu’il leur reste contre plus de lien avec qui vivre? Demandez à quiconque travaillant dans le communautaire à quel point le réseau d’un individu compte pour beaucoup lorsqu’il vient le temps d’affronter des périodes difficiles. En voyage, je n’ai pas davantage de lien, mais il devient beaucoup plus clair que c’est tout ce dont j’ai besoin. Le voyage transforme du « rien qu’un peu » en du « bien en masse ».

Comme on dit chez nous : ça te replace le canayen! En tout cas, on le disait avant de ne plus le dire…

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